Changement de maire à Vesoul

Déclaration de Frédéric Bernabé au conseil municipal du 17 mars dernier :

Cher Alain,

Voici 23 ans que nous nous côtoyons, autour de cette table. Les débats furent parfois, souvent, directs, agités, houleux, même tumultueux, mais toujours corrects et tolérants.
En cet instant de départ, je serais tenté, sans porter de jugement de valeurs, de dire que j’ai connu deux Alain Joyandet.
Le premier, celui qui par un certain charisme, porté par sa conviction, a réussi à faire adhérer la population à son projet, celui de la rénovation nécessaire de la ville  et plus particulièrement de son centre.
Notre attitude constructive et critique, pour l’intérêt  de la ville, a contribué à cette amélioration d’ailleurs.
Celui aussi qui pendant un certain temps, héritier de certaines valeurs de droite gaulliste était, je pense, attaché au service public et à ses missions.
Dans cette première période la population Vésulienne, vous a fait confiance, notamment lors des élections municipales.
Ceci dit, il n’est pas temps ici de faire le débat des choix et orientations qui ont conduit notre ville à aborder l’avenir avec beaucoup de difficultés sur de nombreux sujets.
Je ne voudrais pas gâcher la fête.

Et puis il y a eu un deuxième Alain Joyandet. Pour être un peu brutal, le sarkosyste, celui qui à mon sens s’est brûlé les « ailes » dans les arcanes de ce pouvoir, celui que les Vésuliens n’ont plus reconnu, parce qu’il s’était éloigné d’eux …

Même dualité chez celui qui a embellit Vesoul, pas toujours à propos à nos yeux - mais en cet instant on dira que seule l’intention compte - qui a nettoyé les façades et dallé les trottoirs, mais dont les choix politiques faits à Paris condamnent beaucoup ici à la précarité, et, derrière les bacs arborés, à une vie plus fragile.
En homme public, vous le savez Monsieur le Maire, les feux de la rampe n’éclairent que ceux qui montent, ils consument peu à peu les autres jusqu’à les éteindre parfois.
Je dis ceci sans acrimonie, ni sarcasmes, je pense plutôt que de temps à autre il faut revenir sur terre, et que la politique à besoin non de cette fausse proximité physique à la mode aujourd’hui, mais de morale, de cette morale de l’autre faite de l’égale dignité de tous et du droit de chacun au bonheur, qu’en tant que responsables politiques nous nous devons de porter aussi loin que se prennent les décisions. Nos concitoyens savent fortement nous le rappeler, quand par malheur, il nous arrive de l’oublier.

Tout cela pour dire ou redire que, cette démarche, dans sa sincérité, est  toute à votre honneur. Même si la population n’a pas encore bien compris le sens de votre départ.
En tout état de cause, Monsieur le Maire, j’ai toujours pensé que la confrontation et le débat public, n’étaient pas la guerre civile, et que pour être respecté, il fallait respecter les autres. Une si longue opposition entre nous n’a pu manquer de créer des liens, et aujourd’hui c’est un peu mon « meilleur ennemi », comme on dit, qui s’en va.
C’est pourquoi je vous souhaite bonne route pour la suite. Bon,  j’ai une petite idée sur celle ci, alors je vous dis à bientôt certainement.

FB

Lire l'article de l'Est Républicain du 18 mars 2012